Introduction - Pascal Patry - Psychothérapie, Anthroposophie et Accompagnement personnel

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Introduction

Le traumatisme psychique : une commotion de l’être, un appel à la réparation

La psychotraumatologie est née de la nécessité de comprendre ce qui survit en nous après une effraction de l’existence. Elle étudie les effets profonds des événements psychiquement insupportables, vécus comme des atteintes à l’intégrité physique, psychique, sociale ou existentielle de la personne.

Ce champ clinique particulier, à la croisée de la psychiatrie, de la psychologie, de la médecine et des sciences humaines, s’est imposé progressivement face à l’intensité et la persistance des symptômes rencontrés chez les victimes de violences, d'accidents, de guerres, ou de maltraitances. Il ne s’agit pas seulement de stress, mais d’un bouleversement durable du lien au monde, aux autres, à soi-même.



Le trauma comme effraction du réel

L’événement traumatique surgit toujours avec une brutalité qui excède les capacités de traitement psychique du sujet. Il provoque une "commotion psychique", une sorte d’éclatement de l’unité intérieure. Cette déflagration ne laisse pas le moi intact : elle le dissout partiellement, le fragmente, crée des zones de vide, d’oubli ou de fixation. Le temps se fige, la mémoire se dérègle, l’émotion déborde, la pensée se retire. Cette effraction entraîne ce que certains nomment une "rencontre avec le réel de la mort", qu’il s’agisse de sa propre disparition possible ou de l’effondrement de ses repères.

Le traumatisme psychique ne se limite donc pas à un souvenir pénible : il est une altération profonde du rapport au réel, un effondrement du sentiment de sécurité, une dépossession de soi.



Une discipline née des failles du soin et de la société

Pendant longtemps, les symptômes traumatiques ont été mal compris, minimisés, voire niés. Que ce soit dans les tranchées, les camps, les hôpitaux, les foyers, ou les rues, les manifestations du traumatisme ont été attribuées à une faiblesse morale, une hystérie, ou une tendance exagérée à la plainte. Il a fallu des décennies pour reconnaître que ces troubles n’étaient pas le signe d’un déséquilibre individuel mais la conséquence directe d’expériences destructrices.

La psychotraumatologie est née précisément de cette reconnaissance : celle du lien entre violence et souffrance psychique durable, celle du droit à être entendu dans cette souffrance, et celle de la nécessité d’un soin adapté et informé.



De la sidération à la reconstruction

Le traumatisme psychique bouleverse l’équilibre intérieur, mais il ne signe pas nécessairement une condamnation à la répétition ou à l’effondrement. Si la blessure est réelle, le chemin de reconstruction l’est aussi. Le travail thérapeutique consiste alors à restaurer la continuité du vécu, à reconnecter les fragments dissociés, à redonner sens à l’incompréhensible, à transformer une survie douloureuse en une vie réinvestie.

Cette transformation passe par plusieurs étapes : sortir de la sidération initiale, reconnaître la souffrance, la nommer, la comprendre, puis l’intégrer dans un récit de soi plus vaste. C’est dans ce passage que la psychotraumatologie se distingue : elle n’aide pas seulement à aller mieux, elle accompagne à devenir à nouveau sujet de son histoire.



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