Origines historiques et fondements théoriques
Un courant scientifique né de l’observation du comportement et de la pensée
Les thérapies comportementales et cognitives (TCC), ainsi que les thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles (TCCE), ne sont pas nées d’un seul mouvement mais de la convergence progressive de plusieurs traditions : le comportementalisme, la psychologie cognitive, la clinique expérimentale et des conceptions plus récentes intégrant les émotions et la pleine conscience.
Leur force repose sur une capacité à articuler des approches empiriques rigoureuses avec une finalité claire : comprendre la souffrance psychique et proposer des outils concrets pour la réduire et accompagner le changement.
🔹 Le béhaviorisme : la première vague des TCC
Les premières TCC trouvent leurs racines dans le comportementalisme du début du XXe siècle. Des chercheurs comme Pavlov, Watson et Skinner posent les bases d’une compréhension du comportement humain à travers les lois de l’apprentissage.
- Ivan Pavlov identifie le conditionnement classique : une réponse peut être provoquée par un stimulus neutre lorsqu’il est associé de manière répétée à un stimulus significatif.
- John Watson applique ces principes à l’humain, montrant comment certaines peurs ou comportements peuvent être acquis par conditionnement.
- B.F. Skinner développe le conditionnement opérant : un comportement tend à se reproduire s’il est renforcé par des conséquences positives.
Cette première génération de thérapies s’appuie exclusivement sur l’observation du comportement et vise à le modifier par des techniques reproductibles. À cette époque, les pensées et les émotions ne sont pas prises en compte dans le processus thérapeutique.
🔹 L’émergence des thérapies cognitives : deuxième vague
Dans les années 1960, la perspective évolue. Des thérapeutes comme Aaron Beck et Albert Ellis jugent essentiel de considérer les pensées comme des éléments déterminants du mal-être psychique.
- Albert Ellis élabore la thérapie rationnelle-émotive, fondée sur l’idée que nos émotions sont influencées par des croyances irrationnelles que l’on peut apprendre à contester.
- Aaron Beck, avec la thérapie cognitive, insiste sur les distorsions mentales : des pensées automatiques souvent négatives et déformées entretiennent la dépression et l’anxiété.
Cette deuxième vague introduit l’idée centrale que les émotions perturbées ne sont pas seulement des réactions, mais des constructions issues de la manière dont nous interprétons les événements. Les schémas mentaux sont donc au cœur de la démarche thérapeutique.
🔹 La troisième vague : émotion, pleine conscience et souplesse
À partir des années 1990, une nouvelle génération de thérapies s’impose. Elle conserve les apports des deux premières vagues, mais y ajoute des dimensions plus expérientielles et existentielles.
Cette troisième vague comprend :
- la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT),
- les approches fondées sur la pleine conscience (MBCT, MBSR),
- la thérapie des schémas,
- la thérapie dialectique-comportementale (DBT), entre autres.
Ces approches ne cherchent pas seulement à modifier les pensées ou les comportements, mais à aider la personne à développer une relation différente avec son expérience : plus ouverte, plus tolérante, plus consciente. On parle alors de souplesse psychologique, d’acceptation, de clarification des valeurs personnelles et d’engagement dans l’action.
🔹 Une approche en évolution constante
Les TCC et TCCE ne forment pas un bloc figé. Elles constituent une approche en perpétuelle évolution, qui continue de s’adapter aux avancées scientifiques, aux contextes culturels et aux besoins cliniques.
Leur socle repose sur un principe simple mais fondamental : les comportements, les pensées, les émotions et les contextes peuvent être compris et transformés grâce à des méthodes accessibles, structurées et centrées sur l’autonomie de la personne.