Psychopathologie traumatique - Pascal Patry - Psychothérapie, Anthroposophie et Accompagnement personnel

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Psychopathologie traumatique

Une atteinte multiple de la psyché, du corps et des liens

Le traumatisme psychique ne laisse pas uniquement une trace émotionnelle. Il dérègle profondément l’organisation de la personnalité, la mémoire, la régulation affective, les relations interpersonnelles et le corps lui-même. Ce dérèglement peut s’exprimer sous différentes formes cliniques, qui ne sont pas toujours immédiatement identifiées comme des conséquences d’un trauma.



Le trouble de stress post-traumatique (PTSD)

Le PTSD est la forme la plus connue du traumatisme psychique. Il survient après une exposition directe ou indirecte à un événement menaçant l’intégrité physique ou psychique. Il se manifeste par quatre groupes de symptômes :
  • reviviscences intrusives (flashbacks, cauchemars),
  • évitements des situations rappelant le trauma,
  • altérations négatives des cognitions et de l’humeur (culpabilité, désespoir, troubles de la mémoire),
  • hyperactivation neurovégétative (hypervigilance, sursauts, troubles du sommeil).

Le PTSD peut apparaître immédiatement ou à distance de l’événement, et devenir chronique s’il n’est pas traité. Il altère la qualité de vie, le fonctionnement relationnel, professionnel et émotionnel de la personne.



Le trouble de stress aigu

Ce trouble correspond à une réaction immédiate après un événement traumatique. Il est marqué par des symptômes dissociatifs, un état de sidération, une anesthésie émotionnelle, parfois une paralysie psychomotrice. Bien que transitoire, il peut évoluer vers un PTSD s’il persiste au-delà de quelques semaines.



Le PTSD complexe (CPTSD)

Le PTSD complexe résulte d’expositions prolongées ou répétées à des violences, souvent dans un contexte d’impossibilité d’échapper à la menace (violences sexuelles, inceste, guerre, captivité, torture). Il englobe les symptômes du PTSD classique, mais s’y ajoutent :
  • une dérégulation émotionnelle sévère,
  • une image de soi profondément négative (honte, culpabilité, haine de soi),
  • des difficultés relationnelles majeures (repli, méfiance, dépendance ou agressivité).

Ce trouble est souvent mal identifié, car ses symptômes s’entrelacent avec ceux de la dépression, des troubles anxieux, des troubles de la personnalité ou des addictions.



La dissociation et les troubles dissociatifs

La dissociation est un mécanisme de sauvegarde permettant à la psyché de se déconnecter d’une expérience insoutenable. Elle se traduit par des amnésies, des épisodes de dépersonnalisation, des déréalisation ou des pertes de contrôle du corps. Dans certains cas, elle devient pathologique et persistante. Les troubles dissociatifs incluent :
  • l’amnésie dissociative,
  • le trouble de dépersonnalisation/déréalisation,
  • le trouble dissociatif de l’identité.

Ces manifestations créent une fracture de l’unité psychique et rendent la reconstruction identitaire complexe.



Les comorbidités fréquentes

Les troubles post-traumatiques s’accompagnent souvent d’autres pathologies :
  • dépression (fréquente et parfois sévère),
  • troubles anxieux généralisés, phobies, TOC,
  • addictions (alcool, drogues, comportements à risque) comme stratégie d’anesthésie,
  • troubles du comportement alimentaire,
  • troubles du sommeil (cauchemars, insomnie, réveils en sursaut),
  • troubles somatiques chroniques (douleurs, fatigue, maladies digestives ou gynécologiques).

La souffrance psychotraumatique peut aussi entraîner une altération profonde de la vie affective, sexuelle, professionnelle et sociale. Le risque suicidaire est significativement augmenté.



Mémoire traumatique et reviviscences

Au cœur du trouble se trouve la mémoire traumatique : un enregistrement brut, émotionnel et sensoriel de l’événement, non intégré par les circuits narratifs habituels. Cette mémoire peut ressurgir brutalement sous forme d’images, de sensations, de voix ou de douleurs, déclenchée par un élément anodin. Ces reviviscences envahissent le quotidien et plongent la personne dans un état d’angoisse, comme si le danger était toujours présent.



Le traumatisme psychique déborde donc largement le cadre d’un simple souvenir douloureux. Il peut désorganiser en profondeur l’ensemble du fonctionnement psychique, relationnel et corporel. Reconnaître cette diversité de manifestations est essentiel pour poser un diagnostic juste, éviter les erreurs d’interprétation (comme une confusion avec la psychose), et proposer une prise en charge adaptée.



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